10.

Soleil et grand air

La lumière du soleil ne cessait d’augmenter, toujours plus aveuglante.

Après plusieurs jours plongés dans les ténèbres, l’Alliance des Trois éprouvait ce matin-là le plus grand mal à ouvrir les yeux dans cette cabine baignée de rayons dorés. Ils y passèrent une demi-heure avant de pouvoir se lever.

Le petit déjeuner leur fut apporté bien plus tard et Matt comprit qu’ils s’étaient réveillés très tôt.

Le plateau comportait ce qui ressemblait à des fruits, bien qu’il n’en ait jamais vu de semblables auparavant, et un pichet de liquide blanc qu’il estima être du lait de coco. Ils savourèrent chaque bouchée de ce repas frais et sucré.

En milieu de matinée, on vint les chercher pour les conduire sur le pont principal. De coursives en escaliers étroits, ils parvinrent au grand air par une écoutille, au pied d’un gros mât sanglé de cordages.

Les trois voyageurs en eurent le souffle coupé.

Ils naviguaient à bord d’un énorme voilier. Quatre mâts, sur lesquels de gros ballons en cuir brun étaient accrochés par grappes, portaient tout le bateau à la manière d’une nacelle de montgolfière. Matt compta six à dix ballons par mât, et fut pris de vertige lorsqu’il vit un garçon circuler en hauteur sur une minuscule passerelle pour vérifier le maillage des cordes tendues.

Plus haut encore, au sommet du grand mât avant, un poste de vigie était installé. Assez spacieux pour contenir plusieurs personnes.

Matt distingua des silhouettes en train de s’activer et de tirer sur des filins en direction de ce qu’il avait d’abord pris pour des nuages.

Des voiles immenses tractaient le voilier, arrimées au bastingage par d’autres câbles interminables elles opéraient à l’instar de cerfs-volants, loin dans le ciel, gonflées par le vent.

Sonné par la démesure de l’ouvrage, Matt reprit ses esprits peu à peu, alors qu’il n’en finissait plus de constater le génie de ces Pans.

Le pont principal faisait quinze mètres de large ; les châteaux de proue et de poupe s’élevaient au-dessus comme des immeubles de deux étages. Et rien qu’à leur niveau, une vingtaine de personnes s’activaient à briquer le plancher, faire ou défaire des nœuds, ou à grimper aux mâts le long des haubans qui tissaient une toile d’araignée autour du navire.

À la lumière du jour, la couleur de leurs cheveux était plus vive, leurs regards plus pénétrants encore et Matt s’aperçut que leurs ongles n’étaient pas bruns comme il l’avait cru la veille sous l’éclairage des niveaux inférieurs, mais bien verdâtres également. Certains avaient les lèvres pâles, d’autres foncées, mais toujours vertes. Le garçon en conclut qu’ils s’étaient développés au cœur de cette forêt absorbant une partie des essences qui la constituaient, avec le choc de la Tempête.

— Hey ! Faut avancer ! cria l’un de leurs gardes du corps.

Ils suivirent leur guide jusqu’à l’escalier du château arrière et montèrent sur son toit où les attendaient les trois capitaines entourées de plusieurs membres d’équipage. Un grand poste de pilotage ouvert aux vents trônait au centre, avec une table et une boussole incrustée sur le côté.

— C’est vous qui avez construit ce navire ? demanda Ambre.

— Oui. Il est achevé depuis seulement un mois. Nous y avons consacré toutes nos ressources et notre énergie, répondit la grande capitaine. Je suis Orlandia.

La plus jeune s’avança :

— Clémantis.

— Faellis, ajouta la troisième.

Ambre fit les présentations à son tour pour enchaîner sur une autre question :

— Comment avez-vous fait ? C’est un travail de titans qui demande des connaissances précises !

— Nous ne sommes pas comme vous, expliqua Orlandia dont les yeux brillaient avec l’intensité d’une pierre précieuse. Nous avons des capacités spéciales.

Ambre et Matt s’observèrent brièvement.

— Comme quoi ? s’enquit ce dernier.

— Nous réfléchissons vite, certains sont capables de mémoriser des livres entiers rien qu’en les feuilletant, quelques-uns produisent des petits éclairs comme les guerriers qui vous ont sauvés, d’autres sont plus forts qu’un bison, et nous avons autour de notre Nid des matériaux à profusion. Malgré tout, la construction du Vaisseau-Matrice nous a pris cinq mois.

Nouveau coup d’œil d’Ambre vers Matt.

Orlandia faisait allusion à l’altération. Ici aussi, ils en ressentaient les effets. Toutefois, ils semblaient bien la contrôler, comme s’ils en avaient cerné les possibilités bien plus tôt que les Pans de la terre ferme.

— Whouah ! s’exclama Tobias.

Tous se tournèrent dans sa direction. Il se tenait contre le bastingage et admirait la vue.

Une mer d’un vert foncé à l’infini. Les creux et les vagues semblaient figés, à peine tremblaient-ils sous l’effet du vent.

Ils flottaient au-dessus de la cime des arbres.

— Vous ne connaissez rien à la mer Sèche ? s’enquit Clémantis.

— Non, c’est la première fois que nous la contemplons, admit Ambre.

— C’est le sommet d’une forêt profonde de plus d’un kilomètre. Le feuillage est d’une telle densité que par endroits on peut flotter à la surface. Nous sommes obligés d’utiliser des poids pour plonger lorsque nous opérons des expéditions dans les abysses.

— C’est ce que vous faisiez hier, lorsque vous nous avez secourus ?

— En effet. Dans la cale-hangar du Vaisseau-Matrice, se trouve une trappe par laquelle nous faisons descendre une sphère de bois tressée. Elle est reliée à un câble pour la remonter. Nos cultivateurs entrent dans la sphère et sont conduits le plus bas possible.

— Des cultivateurs ?

— En effet, il existe de nombreuses racines comestibles, plantes médicamenteuses et substances aux propriétés pratiques dans les profondeurs de la mer Sèche.

— C’est incroyable ! s’écria Ambre, tout excitée.

— Parlez-nous du territoire d’où vous venez.

— Ce n’est pas vraiment un territoire, c’est un pays tout entier ! Enfin, ce qu’il en reste.

— La mer Sèche n’a pas tout recouvert alors ?

— Non, je crois même pouvoir affirmer qu’elle n’est qu’une petite partie du pays.

— Les survivants, en bas, sont tous jeunes ? Il n’y a pas d’adultes ? intervint un des garçons en retrait.

— Euh… si, il y a des adultes, avoua Ambre, l’air plus sombre.

Elle se lança alors dans de longues explications sur ce qu’était devenue la vie entre les Pans, les Gloutons et les Cyniks, puis elle aborda leur propre histoire, l’île Carmichael, et expliqua qu’ils étaient partis dans une Quête vers le sud, pour découvrir ce que manigançaient les Cyniks.

Ambre parla pendant près d’une heure, sans interruption.

— Comment se fait-il que les adultes soient tous agressifs ? s’étonna Faellis. Vous avez essayé de leur parler, de faire la paix ?

— Il n’y a pas moyen, affirma Tobias. Ce sont des brutes désormais. Et tout ce qu’ils veulent, c’est nous emprisonner dans leurs gigantesques chariots tirés par des ours.

— Notre Quête est de savoir ce qu’ils font des Pans enlevés, répéta Ambre, comment ils se sont organisés, et qui est leur Reine.

Et de comprendre pourquoi cette Reine veut à tout prix me capturer ! songea Matt. Et encore, je passe sur le Raupéroden !

— C’est un joli nom, Pan, fit remarquer Clémantis. Nous nous appelons le peuple Gaïa.

— Gaïa ? articula Tobias. Ça veut dire quoi ?

— Gaïa, à l’origine, est une divinité grecque. C’est le symbole de la Terre toute-puissante, son âme. C’est elle qui a déclenché la Tempête, pour punir les hommes de leurs excès. Elle nous a épargnés et nous a transformés pour que soyons plus en harmonie avec elle, plus respectueux. Avant, nous étions tous…

— Clémantis ! la coupa Orlandia.

Matt perçut un malaise entre les deux capitaines. Faellis enchaîna :

— Il n’y a qu’à nous regarder, la chlorophylle a impacté nos cellules, nous sommes plus proches de la nature maintenant, nous pouvons sentir des choses, le frémissement d’un arbre par exemple, le vent nous chante des chansons lorsqu’on s’arrête pour l’écouter. Nos vies sont bouleversées.

Matt posa la question qui lui brûlait les lèvres depuis un moment :

— Hier, vous nous avez pris pour les membres d’une tribu, de quoi s’agit-il ?

— D’autres enfants, des Pans comme vous dites. Ils ont survécu à la Tempête, mais ne sont pas comme nous, ils vous ressemblent, ils n’ont pas reçu la bénédiction de Gaïa. Ils sont disséminés sur la mer Sèche, ils forment de petites tribus qui tentent de nous piller.

— Vous voulez dire qu’ils sont vos ennemis ? déplora Ambre.

— Oui, ils sont jaloux de nous, de tout ce que nous accomplissons depuis la Tempête.

Matt considéra les représentants du peuple de Gaïa qui se tenaient en face d’eux. Que s’était-il passé pour qu’ils soient tous modifiés en même temps et de cette manière ? Pourquoi les autres Pans de la Forêt Aveugle n’avaient-ils pas subi cette modification ?

— Savez-vous ce qui a entraîné votre… ce changement chez vous, demanda-t-il, cette sensibilité à la chlorophylle ?

— C’est Gaïa, c’est son choix.

— Il y a certainement une explication plus réaliste, vous ne croyez pas ?

Un des garçons fit un pas vers lui et d’un geste rapide dégaina une longue tige, comme un fleuret d’escrime, avec une pointe recouverte d’une substance rose ressemblant à du chewing-gum écrasé.

La pointe fouetta l’air et s’arrêta juste sous le nez de Matt.

— Du respect pour la Mère-Gaïa ! s’écria-t-il, plein de morgue.

Matt recula et cet incident mit un terme à la conversation. On installa l’Alliance des Trois sur un banc à l’arrière, dans une alcôve surplombant le vide d’où ils pouvaient admirer le paysage.

Le ciel s’était dégagé et de rares nuages isolés stagnaient sous ce plafond bleu. L’équipage s’activait, vérifiant les ballons, lançant des ordres depuis les haubans, et de temps en temps une des capitaines sortait du poste de pilotage pour aller inspecter les manœuvres. Matt avait remarqué la présence de tubes se terminant par un cornet dans lesquels parlaient les officiers. Tout un système de communication entre le pont principal et la vigie, quarante mètres plus haut. Les trois capitaines étaient les seules femmes à bord, Matt comprit que les adolescents les plus âgés avaient la sécurité en charge, avec leurs fleurets en bois à la ceinture, les plus frêles servaient d’officiers et se reconnaissaient à leur casque en demi-coquille de noix géante, tous les autres constituaient la bordée de quart.

— Ils sont sacrément susceptibles sur la question de leur origine ! souligna Tobias.

— Ils cachent quelque chose, affirma Ambre. Lorsque Clémantis a failli nous en dire trop, vous avez vu comme Orlandia l’a reprise ?

— Je n’aime pas ça, avoua Matt. Pourquoi les Pans qui habitent sur la mer Sèche veulent-ils leur faire la guerre ? Ça n’a aucun sens, ils devraient tous s’entraider. C’est louche.

— Nous sommes les premiers Pans de la terre à les rencontrer, réalisa alors Tobias. Nous sommes des explorateurs ! Et ça nous donne le droit de leur choisir le nom qu’on veut ! C’est nul, le peuple Gaïa, je propose qu’on les appelle les Kloropanphylles avec un K parce qu’ils sont spéciaux !

Matt ricana.

— Si tu veux, dit-il.

Une sirène retentit soudain, Matt vit un des garçons de la sécurité qui soufflait de toutes ses forces dans un cor.

— Qu’est-ce qui se passe ? s’inquiéta Tobias.

Plusieurs Kloropanphylles jaillirent des ponts inférieurs, équipés de leur armure blanche en chitine de fourmi, et brandirent des arcs pendant que d’autres sortaient en hâte du château avant quatre grosses arbalètes sur roues pour les aligner sur le flanc tribord.

L’Alliance des Trois se colla au parapet pour observer sans gêner la manœuvre.

Des bras pointaient l’horizon et Matt suivit la direction du regard.

Une lumière rouge palpitait sous la frondaison, à moins de cent mètres. Elle clignotait comme un gyrophare.

Avisant la présence d’Orlandia, Matt l’interpella :

— Qu’est-ce qui se passe ?

— C’est un Requiem-rouge !

— Et c’est dangereux ?

Orlandia tourna la tête pour plonger son regard dans le sien. Elle était paniquée.

— Il n’y a rien de pire dans toute la mer Sèche.

Autre-monde 2 - Malronce
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